LA VALLEE AUX CENT CHATEAUX
Ainsi dénommée par le chroniqueur Roger Louis Lachat(1), la vallée du Grésivaudan constitue la partie la plus spectaculaire du sillon alpin. Il s’agit en effet d’une profonde trouée géologique d’orientation sud-ouest, nord-est séparant les Préalpes des Alpes centrales. Cette large vallée est bordée, sur sa rive droite, par le massif de la Chartreuse et, sur sa rive gauche, par la chaîne de Belledonne qui est le plus souvent enneigée.
Maintes fois reproduite, une citation de Stendhal extraite des Mémoires d’un touriste célèbre en ces termes le Grésivaudan :
C’est un pays magnifique autant qu’il est inconnu. Rien en France, du moins dans ce que j’ai vu jusqu’ici, ne peut être comparé à cette vallée de Grenoble à Montmélian …
Ce qui est admirable, c’est qu’elle a deux aspects absolument différents suivant qu’on se place sur les collines de la rive droite ou celles de la rive gauche ; à Montbonnot par exemple, rive droite, vous avez sous les yeux d’abord les plus belles verdures et les joies de l’été ; plus loin l’Isère, grande rivière, au-delà des collines boisées, et encore au-delà, à une hauteur immense et comme sur nos têtes, les Alpes, les Alpes sublimes passées par Hannibal et encore en partie couvertes de neige le cinq août.
Le premier plan du paysage, vu de Domène, c’est l’Isère, qui semble ici plus encaissée ; puis des villages le long de la grand-route de la rive droite ; puis des vignes et au-dessus des vignes d’immenses précipices : ce sont des rochers gris, escarpés, écorchés, presqu’à pic, qui semblent près de s’écrouler …
Qu’ajouter de plus à ce commentaire, sinon ce propos du roi Louis XII qualifiant en 1507 le Grésivaudan de plus beau jardin du tant beau pays de France !
La variété du patrimoine architectural de la vallée du Grésivaudan est à la mesure des contrastes offerts au regard de celui qui la découvre, d’une grande demeure à l’autre et de l’amont vers l’aval.
C’est ainsi que l’on peut successivement admirer le château du Touvet (2), le château de Tençin, le château du Carre et le château de Crolles, avant d’arriver au château de Biviers dénommé château Servien depuis le début du XVIème siècle.
Proche de Grenoble et situé au pied de l’immense falaise du Saint-Eynard, cette élégante demeure, dont le seuil a été franchi par Richelieu et Mazarin, a bénéficié au fil des siècles de nombreux aménagements qui en ont fait une agréable résidence. On rappellera enfin qu’il s’agit du seul lieu de mémoire d’Abel Servien dont l’extraordinaire parcours a été longuement décrit dans le présent site.
Augustin Jacquemont (avril 2023)